Cheveux longs, idées courtes … la génération montante souffre des pires maux aux yeux des générations établies. Comment ceux dont le modèle d’organisation n’a fait de preuves que dans le maintien de leur propre confort, hypothéquant les aspirations au bien être de beaucoup de leurs conscrits et des générations suivantes, comment peuvent-ils se plaindre de la génération Y ?
Avoir adhéré exagérément aux comportements tribaux et entrecoupé fréquemment l’usage de ses sens de longues périodes d’accaparement par son mobile, fait-il du représentant de la génération Y un être si différent de celui que nous avons été ?
Reprocher à cette génération de ne pas adhérer à l’évolution de notre modèle de fonctionnement du travail, qui depuis 15 ans a montré sa très grande efficacité, n’apporte rien à la faculté d’intégration et de compréhension. Constater l’atomisation des périodes de travail entre occupation personnelle et professionnelle, sans intégrer le mobile comme facteur de porosité dans la frontière physique du monde professionnel, c’est constater que la captation du temps pour et par la vie professionnelle entre dans une nouvelle ère. Et la nostalgie montante du familistère pourrait rentrer dans ce refus de faire évoluer notre rapport avec les frontières de l‘entreprise et des périodes de maîtrise des libertés.
Les contraintes du temps ne sont plus les mêmes. Que veulent dire 35h lorsqu’il faut ajouter, les temps assujettis au travail, dont les 13h hebdomadaires moyennes de transport en Ile de France –pour plus de 5km de trajet- ?
Le calcul du temps travaillé n’est plus déterminé par un temps de disposition physique sous directives ; car le pouvoir de vaquer à des occupations personnelles est induit par l’usage du smartphone et des réseaux sociaux. Eriger un mur électronique pour séparer les temps dans l’entreprise ou le chantier, équivaudrait pour la génération Y à une incarcération, aussi honteuse que les murs frontières entre nations. Combien d’entre nous, lors d’échanges, ont subi ces coupures et combien n’ont pas assimilé que le temps de coupures était un temps travaillé selon la loi.
Le fossé se creuse :
- d’un côté l’incompréhension d’une organisation obsolète qui oblige les employés à se plier aux horaires de l’administration, à fermer 2 jours et à venir 5 jours pour faire 7 h
- de l’autre côté un comportement vis-à-vis du devoir de consacrer son temps payé à son activité, devoir qui implique d’inclure les temps de micro-coupures relationnelles externes dans les temps de pause transgressant les outils de pointages traditionnels.
Planification, pointage, échange de temps, communication sociale et d’équipe doivent profiter de l’usage de ce média mobile, pour déjà donner à la génération Y, les moyens d’exprimer leur volonté d’honnêteté dans le décompte et la maîtrise de leur activité.