L’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle passe d’abord par la prise en compte des contraintes individuelles dans la planification des horaires.
Bloquer les envies, derrière le lissage des présences, ou bien conduire machinalement sa planification, c’est faire abstraction de l’aspiration toujours plus forte à la prise en compte des différences humaines. Qui connait le mieux ses envies et ses besoins dans la gestion de son temps que les intéressés eux-mêmes ? Quel représentant ou manager peut définir d’instinct les micro-contraintes qui respectées dans la programmation des horaires individuels, apportent satisfaction et productivité ? La micro-contrainte est une expression individuelle dont la cause notamment religieuse ne peut être légalement explicite.
La remontée de l’expression de la contrainte, sous forme d’horaires indisponibles, se veut être neutre et transversale à toutes les causes. Il ne peut exister de différence entre l’aménagement des horaires pour des causes familiales, religieuses, sportives ou autres.
C’est d’ailleurs une attitude non inquisitrice qui est couramment pratiquée pour la pose des congés de vacances, ou la prise de journées ‘volantes’. Mais qu’en est il, lorsque la demande porte sur des récurrences, hebdomadaires, ou journalières ?
Les pauses et coupures : Quelles différences peuvent être faites entre des pauses cigarettes, des pauses tweet et SMS, des pauses prières, ou des pauses bistro ? Aucune car ce serait apporter un caractère discriminatoire à la cause, notamment religieuse ou addictive. Comme l’accumulation de coupures ne peut être assimilée à une pause légale, (Soc.,20 février 2013, pourvois n° 11-28.612 à 11-28.617, Bull. 2013, V, n° 49). ‘’La pause légale ne peut donc pas être fractionnée’’, et que la fréquence des coupures peut varier fortement d’une cause à l’autre, la loi est-elle adaptée ? Ce sont surtout les outils de saisie des horaires et de décomptes des horaires et des coupures et des pauses qui sont inadaptés. Toutes les organisations de locaux ne permettent pas de segmenter zone de travail et zone de coupure puis de fiabiliser sur cette frontière des systèmes de pointages d’entrée-sortie; la pointeuse traditionnelle est quant à elle inefficace pour prendre en compte cette évolution moderne des comportements, des aspirations, des évolutions législatives (tabac en entreprise). Les horaires fixes de contenant (amplitude) de l’horaire travaillé sont également obsolètes ; dix pauses cigarettes ou quatre prières (en hiver) font monter à une heure pleine les coupures qui ne sont pas des pauses légales prises en sus. La disposition des pauses est un élément stratégique de la bonne planification pour faire correspondre les besoins à la disponibilité (qui n’a pas fulminé devant le départ d’une caissière en pause alors que les queues s’allongent), cette disposition ne peut prendre en compte les religions, addictions ou rythmes individuels dont la mise en fichiers est prohibée. Mais encore plus stratégique est alors la possibilité de constater avec honnêteté les coupures individuelles dans son emploi du temps.
Les jours d’indisponibilité : enfants, dépendances ou des pratiques religieuses, sont toutes de bonnes raisons de respecter les demandes d’aménagement récurrentes des emplois du temps notamment dans le cadre de roulements. Seule la pratique sportive est légiférée, les autres causes doivent rester neutres. Vient donc à se poser la sacro-sainte, organisation du Week-End et du Dimanche dont la portée n’est pas identique pour tout le monde. A partir du moment ou un jour de semaine est privilégié par certains comme un jour d’indisponibilité, il existe comme solution laïque et égalitaire le travail sur quatre jours (semaine compressée), ou l’extension des jours ouvrés au Samedi… D’où la nécessité de planifications atypiques pour permettre à chacun de poser ses micro-contraintes et à l’employeur d’augmenter son amplitude d’ouverture.